samedi 24 mars 2018

Eli, Eli


"Eli, Eli"
Auteur : W. L. Tochman - Editions Noir sur Blanc - 153 pages - 18 €

SynopsisNous sommes aux Philippines, dans les bidonvilles de Manille, parmi les plus pauvres, ou chacun semble crier : « Eli, Eli, lama sabachthani ? (Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonne ?) »


W. L. Tochman, un des chefs de file de l’écolé polonaise du reportage littéraire, interroge notre façon de nous tenir devant la douleur des autres (Susan Sontag). S’il se penche sur les habitants et leur misère, il refuse d’être un de ces « purs regards » auxquels personne ne croit plus. Sans cesse, il nous montre celui qui regarde – qu’il soit touriste ou reporter –, il interroge sa place, son éthique et son utilité.

Bien entendu, Tochman élargit son cadrage quand il veut éclairer les ressorts d’une oppression économique : néocolonialisme américain, tourisme sexuel, poids de l’Eglise, corruption... mais c’est surtout la responsabilité individuelle –à commencer par la sienne, comme homme et comme écrivain – qu’il entend exposer.

Une femme que sa maladie de peau fait ressembler a un monceau de grains de raisin, un gamin qui habite un tombeau (dans un cimetière où tous les tombeaux sont habités), un caïd maigre et tatoué, qui a pour un instant troqué sa lame contre un biberon... À mesure que se constitue cette galerie de portraits inoubliables, le reporter vérifie qu’on ne saurait rencontrer quiconque sans se lier, sans s’impliquer dans une histoire, entre compassion, désarroi et espérance têtue.


Je remercie les Editions "Noir sur Blanc" ainsi que la plateforme Babelio pour ce service presse dans le cadre de l'opération masse critique.

J'ai perçu cet ouvrage comme difficile et pourtant si réaliste de la situation des Philippines et de sa capitale Manille. Difficile où nous Occidentaux, nous ne pensons à cette ville que dans une idée de tourisme mais il y a malheureusement le revers de la médaille et cet ouvrage avec ces témoignages nous livre une vérité tout autre, une vérité criante de réalité !

Quels que soient les portraits évoqués, on parle de pauvreté, d'insalubrité, de drogue, de prostitution, de commerces humains, de mort, de travaux infâmes dans les rues pour gagner quelques pièces, même pas suffisante à leur survie, les conditions de vie nous paraissent difficiles et immondes.

Les pages se suivent, les portraits aussi, on ne peut rester insensible à leurs situations. Personnellement, j'ai été chamboulé, bouleversé, ému, les descriptions sont telles que des images se gravent dans nos têtes, difficiles d'oublier la dure réalité d'un pays situé à des milliers de kilomètres du nôtre.
Le monde ne va pas bien, la vie n'est pas toute rose pour tout le monde et ce livre pour cette infime partie du monde en est le révélateur, histoire que l'on ouvre les yeux. On entend pourtant souvent parler des conditions de vie de pays sous-développés mais les lire sur papier glacé ça fait quelque chose. 

Voilà pour le fond, pour la forme, rien à redire, les chapitres se lisent facilement (si on met de côté le côté émotionnel, car là, vous l'avez compris, on prend une claque). Les descriptifs sont tellement bien fait qu'on imagine aisément le reporter et son photographe au fil de leurs périples choisir Adam, Joséphine, Fernando, Angelina et tant d'autres, pourquoi eux et pas d'autres, ça, je ne vous en dit pas plus, c'est à vous de le découvrir.

Rien à ajouter de plus, si ce n'est que W. L. Tochman semble être un sacré reporter au vu des éloges d'autres critiques de livres et essais (Bosnie, Rwanda... ), un auteur à découvrir pour ma part, j'ai déjà été piqué de curiosité pour entrevoir son site internet et sa page facebook.

lundi 12 mars 2018

Terres de sel


"Terres de sel"
Éditeur : Cairn Editions - Auteur : Sylvie Anahory
247 pages - 17 €

Synopsis : Entre les XVIe et XIXe siècles, les secrets de la famille Dubarrat-Poeydavant se dévoilent progressivement. Tout commence en 1587, lorsque les membres de la Fontaine salée de Saliès-du-Béarn rédigent dans le Livre noir le règlement de la production du sel. Au fil des générations, on découvre les mystères de la Cité et de la communauté des cagots. A la fin du XVIIIe siècle, Jacob Poeydavant se rend à Saint-Dominique pour le commerce du bois précieux. La révolte des esclaves écourte son séjour. Il rentre en métropole et s'installe à Salies, dans une ville en pleine mutation avant de connaître l'apogée du thermalisme.

Je remercie la plateforme Babelio et les Éditions Cairn pour cet exemplaire du livre de Sylvie Anahory "Terres de sel".
Pour cet ouvrage, j'ai un avis en demi-teinte, j'ai eu du mal à m'y mettre, cependant, il reste assez intéressant.

Nous traversons à travers les chapitres une simple histoire de famille, ou du moins simplement, c'est sur le fond avec l'évolution à travers les siècles des familles Dubarrat-Poeydavant mais sur la forme, on se confronte à de nombreuses connotations historiques d'ordre religieux, commerciales, sur le colonialisme ou encore sur les villes en pleine expansion etc... pas toujours simple à suivre !

M'ont plus particulièrement parlé en première partie pour les Dubarrat, le contexte et la période sur les guerres de religions implicitements évoquées, ce contexte-là, j'adhère et je le comprends car vivant dans le sud-ouest, nous connaissons bien ce détail historique.

Plus tard, j'ai été particulièrement touché par le personnage de Jacob Poeydavant pour son histoire personnelle, mais aussi pour la période du colonialisme suivi de la révolte des esclaves qu'il a traversé, il est revenu en vie, mais à quel prix, dur dur...

Pour la dernière partie, c'est intéressant, mais j'ai été un peu moins convaincu, suivre la réussite professionnelle et personnelle des descendants Poeydavant, c'est sympa, mais c'est resté à mon goût un peu monotone. 

Pour le détail d'ouvrage de cette ramification familiale Béarnaise, sachez qu'il est composé de 4 parties et les chapitres sont courts, donc malgré la difficulté de certains passages, il peut se lire facilement, pour la compréhension, il faut s'y pencher un peu plus, mais il se lit. 

Personnellement, mais vraiment ça ne concerne que moi, il va me falloir le relire encore et encore pour peut-être vraiment trouver les subtilités, comprendre ce que l'auteur à voulu nous transmettre, étudier plus profondément les détails historiques évoqués car disons-le clairement, c'est truffé d'éléments, parfois difficile à suivre.
C'est un travail de fond qu'il est malgré tout bon de respecter et je le respecte, bravo pour cet ouvrage à l'auteur !